Reflexion économique : Le mirage du PIB

Le 27/02/2015 7

Comme le rappelle Marie Monique Robin dans son ouvrage Sacrée croissance ! , Simon Kuznets, lauréat du prix de la banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, avait montré il y a déjà soixante ans que le « revenu national » — l’ancêtre du PNB (produit national brut) et du PIB (produit intérieur brut) — ne mesure que quelques aspects de l’économie et ne devrait jamais servir à évaluer le bien-être, voire les progrès d’une nation : « Le bien-être d’un pays peut […] difficilement se déduire de la mesure du revenu national », écrivait Kuznets dès 1934. Il attirait l’attention sur le fait qu’il ne fallait pas se contenter de s’interroger sur ce qui augmente quantitativement, mais sur la nature de ce qui augmente : « Il faut garder à l’esprit la distinction entre quantité et qualité de la croissance […]. Quand on fixe comme objectif « plus » de croissance, il faudrait préciser plus de croissance de quoi et pour quoi faire ».

l y a près de quarante ans déjà, alors qu’il se présentait à la présidence des États-Unis, le sénateur Robert Kennedy déclarait de façon visionnaire :

« Nous avons trop et trop longtemps abandonné l’excellence et les valeurs de la société au profit de l’accumulation de biens matériels. […] Ce PIB comptabilise la pollution de l’air et la publicité pour les cigarettes et les revenus des ambulances qui s’occupent des blessés lors des accidents de la route. Il prend en compte la destruction de nos séquoias et de nos merveilles naturelles dans une expansion chaotique. Il prend en compte le napalm et le coût des ogives nucléaires, ainsi que les voitures de police blindées qui combattent les émeutes dans nos rues. Il prend en compte les fusils et les couteaux, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence afin de vendre des jouets à nos enfants.
Mais le produit intérieur brut ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur éducation, ou du plaisir de leurs jeux. Il ne prend pas en compte la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages ; l’intelligence de nos débats publics ou l’intégrité de nos responsables officiels. Il ne mesure ni notre humour ni notre courage ; ni notre sagesse ni nos connaissances ; ni notre compassion ni notre dévouement pour notre pays ; en résumé, il mesure tout, sauf ce qui donne de la valeur à notre vie. »

Or, rien ne peut remplacer l’air pur, une végétation intacte et des terres saines et fertiles. Il est donc essentiel de distinguer et d’évaluer à leur juste valeur les différents types de capitaux – industriels, financiers, humains et naturels – et d’accorder à chacun l’importance qu’il mérite.

Marie-Monique Robin, (2014). Sacrée croissance ! La Découverte

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Commentaires

  • FIEUX Christine

    1 FIEUX Christine Le 11/10/2015

    Le fait de vouloir implanter un Center Park dans notre région me parait incohérent.
    Un Center park est censé reproduire un espace naturel là où il n'y en a pas, c'est à dire proche de grosses villes. Hors nous disposons déjà de la forêt et de l'eau, sans devoir nous enfermer dans une sphère !!!! J'ai expérimenté un Center Park proche de Paris, je pense que pour les citadins c'est un endroit rêvé mais pour nous Jurassiens, c'est surfait et artificiel.
    S'il existe une pétition, merci de me la faire suivre.
  • Albouy

    2 Albouy Le 03/03/2015

    Bonjour,
    J'ai fais un courriel à mes proches ayant des intérêts à Bonnefontaine en Copie visible, en mettant Hervé Dartois en cc: afin que tous aient les adresses eMail de tous et afin que vous puissiez vous faire part de vos réflexions directement, via ce site etc... et contribuer à une action collectives si vous venez à le juger utile (ce renseigner comment ils ont évincé Center Park et leur approche artificielle et aseptisée du tourisme, dans d'autres région faire une Pétition en ligne, un YahooGroup ??? etc...
    Bravo pour ce site.
    JMA

    Pourquoi France3 ci-dessous parle de 120 à 150 Hectares habituellement et 3000 Ha entre Le Fied et Bartaine ?

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/franche-comte/2014/03/28/center-parcs-va-s-installer-poligny-dans-le-jura-444273.html

    Ces "Center Parcs" seront plus petits que ceux qui existent déjà en France. Chaque site devrait accueillir 400 cottages (au lieu des 800) sur un terrain de 120 à 150 hectares. Ils abriteront un espace aqua-ludique.
    A Poligny, le site retenu s'étend sur trois mille hectares, situés entre Baretaine et Le Fied. Un gros dossier en perspective pour le conseil municipal. 300 emplois devraient voir le jour à terme. Ouverture en 2018 ...
  • pascal collin

    3 pascal collin Le 01/03/2015

    Oui, le PIB est un mirage !
    La beauté d'un paysage, un parfum, une sensation de liberté, de "sauvage" etc..sont autant d'éléments que nous apprécions "gratuitement" sans nous rendre compte de leur valeur.
    Ce que l'on nomme "aménités environnementales" sont a priori « gratuitement offertes par la nature», non-quantifiables et donc « inestimables ».
    Comment ne pas regretter alors que notre développement ne passe que par plus d'activité économique, quitte a y sacrifier notre environnement ..........et en plus avec l'argent de nos impôts..........
  • Newton Elizabeth

    4 Newton Elizabeth Le 27/02/2015

    Le problème avec certains grands projets inter-communautaires c'est qu'ils sont souvent entrepris sans assez de consultation avec les personnes les plus concernées. Les habitants des communes ne sont pas toujours assez bien informés des conséquences sur la qualité de leur vie des actions et projets de leurs élus. Un grand projet qui rapporte de l'argent à la communauté pourrait aussi améliorer l'environnement mais c'est rare. Le plus souvent il n'apporte que des nuisances et beaucoup moins d'avantage financier que l'on avait espéré à la conception du projet. Nous avons une rare qualité de vie ici sur le Plateau. Essayons de la conserver!
  • Hervé Dartois

    5 Hervé Dartois Le 27/02/2015

    En effet Patrice il est important de se poser les bonnes questions sur le développement économique à l’échelle locale.
    Se méfier des miroirs aux alouettes et réfléchir à la motivation de ces grands consortiums dont le but principal avec l’aide de fonds publics, ne semble pas être le respect de l’environnement et l’intérêt des habitants de la région.
    Il faudrait s’interroger sur l’essor d’un tourisme éco-responsable, qui sur la base d’une infrastructure déjà existante, (d’une grande richesse naturelle et culturelle), profiterait réellement aux personnes in situ.
  • simone Thomas

    6 simone Thomas Le 27/02/2015

    Il est de plus en plus urgent de repenser les notions de bonheur et de bien-être. Cette urgence impose-t-elle d'adhérer à des projets dont le but est principalement financier? Identifions les avantages et les inconvénients de nos actions et échangeons en toute transparence.
  • Patrice Bonnet

    7 Patrice Bonnet Le 27/02/2015

    Si on ne peut être que convaincus que seul le bien-être devrait être l'objectif recherché par notre société et que, pour cela, l'humain et la nature doit être une priorité supplantant l'économie et surtout la finance, alors, à l'échelle locale, nous pouvons nous interroger sur l'importance de l'implantation d'un Center Parcs tout près de chez nous. Le débat est ouvert.

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